l’amour sans illusions (seo sora)

ici depuis - : 15/09/2023

L'AMOUR SANS ILLUSIONS

Faire des sourires, mais ne pas savoir si ils sont appropriés ou si tu devrais t'abstenir. Tu trouves que la mariée est sévère, pas très agréable comme cliente. Tu regrettes d'avoir accepté un contrat comme celui-ci. Ton lit aurait été bien plus accueillant que les invités. Dans tes habitudes, tu serais en compagnie de ta cousine qui ferait office de garde du corps mental à ton anxiété. Ne pas aimer les gens. Tu as une inadaptation sociale et tu le sais très bien. Tu vis bien avec l'idée d'être un loup solitaire qui finira sa vie seul. Tu as ta cousine pour te soutenir c'est bien comme cela. La plupart des êtres humains aiment avoir beaucoup d'amis et faire des activités variées, sinon ils deviennent dépressifs. Toi c'est tout le contraire. Tu deviendrais dépressif à être trop entouré et à devoir garder contact avec tout le monde. Ne pas être bien présentement dans cette foule, justement. Ces personnes que tu ne connais pas te créés des impressions d'oppression et tu fais comme de rien, tapis dans l'ombre. Tu passes la tête baissée entre les gens, l'appareil à la main, te rendant jusqu'à ton trépied.

Caché derrière ton appareil, tu es beaucoup plus calme et maitre de tes émotions. C'est une cachette certes provisoire, mais qui t'apporte du soulagement. Ne plus être dans le brouhaha des invités alcoolisés et prendre des clichés de la salle plutôt que de participer c'est plus ton élément. Après le souper tu seras amené à prendre des photos de groupe et tu redoute ce moment de socialisation qui te mettra dans tous tes états.

Tu prends quelques photos d'enfants qui s'amusent plus loin, mais tu te rappelles que la mariée t'a demandé des clichés nombreux de sa famille avant la cérémonie. La majeure partie des gens ne sont pas encore arrivés que tu sais que ce sera un enfer sur terre. Ne pas avoir pensé à ce que cela impliquerait pour toi d'accepter ce travail. Être heureux que ce ne soit qu'un contrat d'un soir et espérer qu'elle reste avec cet homme et ne se marie pas aux deux mois en demandant tes services. Tu ne l'aimes déjà pas et tu espères ne plus travailler pour elle. Sa mère rôde autour de toi depuis qu'elle a mis les pieds dans la place. Tu ne sais pas si elle te regarde pour te déshabiller ou pour te tuer, mais elle s'approche de toi subitement en s'adressant à toi. - Vous êtes le photographe? Vous avez pris des photos de moi? Vous voulez qu'on en prenne une ensemble? - Lever la tête de son objectif et rester bouche bée. Ne pas vouloir être impoli mais ne pas vouloir prendre des photos avec la dame.

ici depuis - : 09/10/2023

L'AMOUR SANS ILLUSIONS

feat: @Han Seung-eun

Tu es accoudée au bar dans l’attente de ton verre. Ton regard quitte le barman, passant la salle en revue avant de s’arrêter sur la mariée. Il doit s’agir de l’une des journées les plus marquantes dans la vie d’une femme. Le maquillage, la robe, la coiffure… Tout pour se sentir magnifique. Ce sentiment est souvent si puissant qu’il est partagé par les invités. Ce soir, la connexion ne s’est pas faite. La coiffure est belle, la robe est parfaite et tu es plutôt fière du maquillage que tu as fait. Ce qui nuit à l’artifice de cette soirée, c’est la mariée. Une femme détestable. Tu as su dès votre première rencontre que celle-ci ne serait pas ta cliente favorite. Elle transpire la supériorité et l’égocentrisme, le genre de personne que tu regardes avec dédain. C’est l’argent qu’elle t’a offert pour être sa maquilleuse qui t’a convaincue de prendre le contrat. Ça et aussi la petite fête à laquelle tu pouvais participer. Et l’alcool à volonté dont tu risques de profiter. Tu ne doutes pas de tes talents avec le maquillage et ce, même avec quelques verres dans le nez. Ta seule directive pour la soirée est de rester disponible pour des retouches en cas de besoin, ce qui n’a été le cas qu’une fois avant la prise de photo. Cela n’était qu’un caprice à ton avis, mais tu as forcé un sourire et tu t’es exécutée.

Rester collé à cette femme hautaine a été un supplice. La tentation de passer tout droit avec la brosse à mascara était forte, mais tu as su résister. Prendre sur toi pour ta paye et pour ta réputation. Cette pensée a dû être répétée à plusieurs reprises dans ton esprit pour rester calme car elle ne te rendait pas la tâche facile. D’abord, vous vous étiez entendu il y a des semaines sur le type de maquillage qu’elle souhaitait. Au moment de commencer, elle t’a informé que ce n’est plus ce qu’elle voulait, mais elle n’avait pas d’alternative à te proposer. Tu as mis du temps à lui vendre une autre idée, contrant ses inquiétudes injustifiées, pour qu’elle change à nouveau d’idée et retourne au plan initial. La garce. Elle n’a pas cessé de passer des commentaires sur la façon de manier ton équipement et d’appliquer le maquillage sur sa peau alors que tu es la professionnelle. Sortir de ce confinement forcé avec elle a été une libération. La cérémonie a été d’une longueur extrême à ton avis, mais c’est derrière toi.

- Voilà pour vous. – Tu te tournes vers l’employé, un grand sourire aux lèvres, avant d’attraper le verre qu’il a glissé sur le comptoir. – Merci. – Ton attention retourne rapidement sur les gens devant toi. Plutôt que de t’attarder sur la mariée, déjà inintéressante, tes yeux se posent plutôt sur une femme au regard chasseur. Il n’est pas difficile d’identifier la source de sa convoitise. Le photographe. C’est l’appareil photo qu’il a en main qui donne la puce à l’oreille, tu n’es pas certaine que tu l’aurais reconnu autrement. Tu étais trop concentrée à ne pas cracher au visage de la mariée pour le remarquer. Le jeune homme est aussi discret, ce qui n’a pas aidé. Malgré cela, il a été repéré par la mère de la mariée. Bon, ce qui t’aide à comprendre la situation, c’est que les filles en parlaient pendant que tu travaillais. Cette femme a une réputation de croqueuse de jeune homme. Malgré ta naïveté face aux relations qui ne sont pas de nature familiale ou amicale, il est probable que tu aurais été apte à capter ce qui se passe. La femme est à ce point transparente sur ses intentions. Le pauvre photographe, il n’a aucune chance de s’en sortir. C’est avec cette pensée en tête que tu cales ton verre d’un trait avant de le délaisser sur le comptoir. Tu passes la main dans tes cheveux pour t’assurer que ceux-ci sont bien coiffés avant de te diriger d’un pas décidé dans la direction de la cougar et de sa proie. Tu ne sais pas trop ce que tu fais, mais un sourire se dessine sur tes lèvres alors que tu te rapproches d’eux. – Ah, te voilà enfin! – Tu t’arrêtes très près du photographe, trop pour de simples inconnus. – Je t’ai cherché partout! Je me suis rendue jusqu’au bar, mais j’ai oublié ce que tu voulais que je te ramène. Comme je suis bête! – Tu tournes ensuite la tête vers la mère de la mariée, feignant de la remarquer pour la première fois. – Je suis navrée, mais je vais devoir vous le voler un moment. – Tu n’es pas navrée, mais tu le prétends. Tu peux déjà te féliciter de pas simplement avoir demandé au photographe si la croque jeune homme l’embêtait. Penser paye. Penser réputation. Ça fonctionne! – Tu viens? -

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